Mauritia gibba vandammei U. Erdmann, 2021

Mauritia gibba vandammei Erdmann, 2021

- à gauche : Ko Raya , Phuket , Mer d'Andaman , sud ouest Thailande. Récolté au narguilé par moins 30 m par des pecheurs Moken ( gipsy diver ) . 62 mm

- à droite : Phuket , Mer d'Andaman , sud ouest Thailande. 56 mm

Très belles. Néanmoins le fait de considérer gibba comme espèce et pas forme d'arabica asiatica - alors qu'il existe toutes sortes d'intermédiaires entre les classiques et les très calleuses comme ici - est pour le moins sujet à interrogations...

Mauritia gibba vandammei Erdmann, 2021

Detail des spécimens ci-dessus

Cette sous-espèce vient d' etre décrite dans la revue Conchylia 52(1-2) Aout 2021:
A western subspecies of Mauritia gibba Coen, 1949:
Mauritia gibba vandammei n. ssp.
( Mollusca : Gastropoda : Cypraeidae )
par Ulf Erdmann

Sa répartition est exclusive de la Mer d'Andaman , sud ouest Thailande ( environs de Phuket )
Elle se distingue de la sous-espèce nominale :
Mauritia gibba gibba Coen, 1949
par sa forme plus trapue avec des bourrelets latéraux plus prononcés et des taches latérales plus petites et plus nombreuses
La forme nominale Mauritia gibba gibba Coen, 1949
a une répartition centrée plus a l'est :
Golfe de Siam est Thailande , Cambodge , Vietnam , Est de la Malaisie et nord de Bornéo.
La péninsule malaise avec le Détroit de Malacca forme une barriere empechant tout melange entre ces deux sous-espèces.

Mauritia gibba Coen, 1949 ( et ses deux sous-espèces)
est desormais reconnue comme espèce valide par le WORMS
distincte de Mauritia arabica asiatica Schilder & Schilder, 1939
qui lui est sympatrique

Très jolies, assez particulières mais pas tellement gibbeuses ....plutôt rondes !!!

Je profite du post de Guy Gérard qui réactive le sujet pour donner quelques éclairages et informations complémentaires.
Je me suis rendu à la Bourse organisée par le BVC le 4 septembre près d'Anvers. J'y ai rencontré Willy Van Damme en l'honneur de qui la sous-espèce est nommée. Il mettait en vente de nombreux paratypes de cette coquille à des prix qui étaient plutôt raisonnables et avec des datas d'une précision rare. J'ai acheté une de ces coquilles qui a été utilisée dans l'étude qui a menée à la description et qui fait donc partie des paratypes.



Je posterai les photos du paratype lui même dans un post séparé.
J'ai également pu acquérir ce jour là, la revue qui contient la description originale de la sous-espèce Mauritia gibba vandammei.
J'en attendais plusieurs réponses :
1) les références de la publication qui a conclu que Mauritia gibba du Golfe de Thaïlande est une espèce distincte de Mauritia arabica.
2) quels critères permettent de distinguer la population de M. gibba vandammei de Mauritia arabica et de Mauritia gibba gibba ?

Avant mes commentaires sur la publication d'Ulf Erdmann, voici les photos du paratype que j'ai acheté auprès de Willy Van Damme.

Le numéro d'août 2021 de la revue Conchylia contient la publication décrivant Mauritia gibba vandammei. C'est un article de 12 pages avec 3 planches en couleurs, 5 cartes, 4 tableaux et quelques autres figures. C'est donc indéniablement un travail fouillé. Par contre, seules 9 références bibliographiques sont fournies mais elles sont pertinentes et suffisantes pour le sujet traité.
Les réponses à mes deux questions sont-elles apportées ?
A la question 1, je reste totalement sur ma faim. En effet, dans l'introduction l'auteur écrit (traduit de l'anglais) : "En 1949, Coen publia la description de Mauritia arabica gibba. Bien qu'elle n'ait pas été reconnue comme une espèce valide, récemment des études ont montré que l'espèce est valide (Erdmann, 2020).". J'ai donc cherché la référence dans la bibliographie à "Erdmann, 2020"... Il n'y en a pas. J'ai donc procédé à une recherche Google mais elle n'a pas apporté de réponse. Il n'y a dans le WoRMS que la référence au présent article qui sert de base à l'acceptation de Mauritia gibba gibba et de Mauritia gibba vandammei. Dans Zoobank, il n'apparaît pas de publication par Erdmann sur le sujet à part, bien sûr, la sous espèce de la Mer d'Andaman, mais rien concernant la sous-espèce nominale du Golfe de Thaïlande.

A la question 2 sur les critères de différenciation de la nouvelle sous-espèce avec ses plus proches congénères. Il y a une approche intéressante fondée sur une analyse statistique de caractères conchyliologiques d'un grand nombre de spécimens : 1281 coquilles ! et sur une réflexion paléo-biogéographique qui explique comment des populations ont pu se trouver isolées dans des zones géographiques distinctes. Sur le plan de la morphologie conchyliologique, les résultats sont effectivement en faveur d'une nette différenciation entre Mauritia arabica et Mauritia gibba vandammei. La possibilité d'une adaptation écologique n'est cependant pas totalement exclue par cet argument. La séparation entre les deux sous-espèces de Mauritia gibba est également expliquée de façon détaillée.
Cependant, l'article ne donne pas d'arguments issus de l'anatomie des parties molles ni d'analyse ADN des différents taxons impliqués.
Enfin, la différenciation entre Mauritia arabica arabica et Mauritia arabica asiatica n'est pas évoquée dans le texte et dans les comparaisons. Dans la planche 3 une M. arabica arabica de la zone de Phuket (Océan Indien) est illustrée avec une Mauritia arabica asiatica du Golfe de Thaïlande (Océan Pacifique).

Il manque donc certaines informations pour être totalement convaincu de la nécessité de changer mes étiquettes dans mes tiroirs.

En guise de conclusion, et pour élargir le sujet à la taxonomie de Mauritia arabica, Bergonzoni (Beautiful Cowries 10 de décembre2019) a publié une revue des coquilles types de Linné. Parmi elles, bien entendu, le type de Cypraea arabica qui s'avère être une coquille originaire certainement du sud de l'Inde... Donc arabica asiatica devrait devenir arabica arabica. Pour la population de l'Ouest Pacifique connue comme arabica arabica un nouveau nom serait donc nécessaire : ce devrait être arabica amethystea Linné, 1758 que Bergonzoni illustre et dont les caractères cadrent bien avec ceux des populations de l'Ouest Pacifique.
La valse des étiquettes n'est pas près de s'arrêter...

vandammei ou vandalei that is dze question !
Phuket, ile Racha Thailande entre 3 et 5 m
Elles mesurent 43,30 mm et 40,70 mm (pour la subadulte), 14 et 8 g (pour une sub adulte elle est bien lourde.
Mais, en sont-ce ?

A mon sens, ce serait plutôt une Mauritia arabica "asiatica" dont le dessin dorsal adulte lorgne vers la variété "merguina" qui vient des Iles Mergui du côté du Myanmar. 
Pour la subadulte, elle est issue de la même population, mais sans le dessin dorsal adulte, difficile de confirmer à 100 %.

J'ai des réticences pour reconnaître Mauritia gibba comme une espèce valide... Et donc pour la sous-espèce vandammei, encore un peu plus...

Enfin, la nomenclature des différentes sous-espèces de Mauritia arabica pose de grosses questions...
Il vaut donc mieux faire simple pour les étiquettes dans ce contexte...

Merci Loïc, je suis malheureusement assez d'accord.