Arcticidae : Arctica islandica (Linnaeus, 1767)

Merci à vous tous pour toutes ces infos, je trouve également ça très intéressant la faune marine de nos régions. J'essaye parfois d'intercaler une sortie Manche dans mon" planning" de fouilles fossiles.
A+
François

Pour ce qui concerne les balistes, autrefois j'en voyais, toujours par couple, à chacune de mes plongée en Méditerranée, mais jamais en Bretagne, où pourtant ma famille travaillait depuis des générations avec les marins-pêcheurs (mareyeurs sur La Rochelle, Lorient et Concarneau). A chaque nouveauté en terme d'espèce, nous avions envoyé les spécimens congelés au Musée d'Histoire Naturelle de Nantes, où ils s'y trouvent peut-être encore. 

Le WE dernier, j'ai pu observer des échouages de vélelles (parfois cela arrive, elles sont accompagnées de superbes janthines et de spirules) sur Lorient-Plage qui prouvent que les eaux bretonnes sont devenues accueillantes même en plein hiver pour des balistes... Tout ça nous éloigne un peu trop d'Arctica islandica.

Merci pour ces informations ! J'avais entendu parler de la présence de Cassidae au large de Lorient, ce sont malheuresement des espèces de profondeurs qu'on peut uniquement récuperer par les pecheurs.

Pas difficile, Grégoire, tu vas en famille faire un tour sur le quai de Saint-Guénolé ou du Guilvinec à l'heure du retour des langoustiers, tu vises le moussaillon de ton âge ou un peu plus, qui débarque bien crevé de sa sortie en mer, alors tu l'invites gentiment (seul de ton côté car les bigoudins sont timides avec les gens qu'ils ne connaissent pas) à boire une bière, tu lui demandes ce que tu veux ... tu verras qu'il va probablement accepter. Laisse lui ton n° pour qu'il t'appelle quand il en a, ça peut prendre quelques semaines à quelques mois. 

Ou bien tu montres ta bouteille de Porto au patron-pêcheur à la hélée depuis le quai sans rien lui dire de particulier au moment où il fait une pose; par curiosité, il va probablement t'inviter à monter à bord s'il n'est pas de mauvaise humeur, s'il a fait une bonne pêche ce jour là; tu pourras lui demander ce que tu veux (laisse lui une bonne photo plastifiée de la bête pour qu'il l'épingle à bord, car une image en dit plus que tout un baratin).

Voici deux Artica islandica venant de Leclerc dragués en Atlantique nord il y a quelques années.

Des nouvelles de la grande Arctica islandica du nord-ouest de Groix, et à l'origine de ce post,  la grande valve à gauche sur la photo initiale.  
Elle est bien subfossile et post-glaciaire; la Grande Vasière par 80 à 120 mètres ne pouvait en effet pas exister, ni avant ni pendant cette dernière glaciation, puisque toute cette zone était en totale émersion. Puis la grande transgression marine, conséquence du réchauffement global, qui achève cette dernière période glaciaire, a débuté il y a ~20 000 ans; et elle est pour l'instant de ~130 mètres (selon de multiples études, notamment sur les variations du niveau des océans mesurées par les barrières de coraux des Caraïbes). 
Pourtant, le pic du réchauffement des océans et donc la transgression marine actuelle, n'ont pas encore atteint les maxima connus dans les cycles glaciaires précédents, et donc par exemple, notre Golfe du Morbihan, encore inexistant pendant la civilisation des "cachalots" au Néolithique, n'a donc lui aussi pas fini de s'enfoncer et de s'élargir... 
Et c''est précisément au Néolithique, avec le peuplement relativement dense de la Bretagne de cette période, un peuple connu de chasseurs probable de cachalots, étant donné l'abondance de la représentation gravée de cet animal sur les menhirs de l'époque, c'est donc que dès cette période, que la Grande Vasière aux Arctica islandica, s'est constituée; ceci pour une raison toute simple, le déboisement des forêts primaires de chênes pour ouvrir des zones agricoles et d'élevage en particulier; les surfaces ainsi déboisées se sont retrouvées lessivées par les intempéries et des quantités énormes de sédiments argileux sont venues s'accumuler sur le plateau continental armoricain...

Une datation plus précise (et non estimée cette fois) de l'âge biologique à la mort naturelle de l'Arctica islandica en question, a été effectuée. Une valve a ainsi été sciée en deux (gros sacrifice mais il fallait bien), ceci naturellement en passant par l'apex. Ensuite, la section sciée a été finement polie au grain 1200; puis une série continue de photos au microscope numérique, ont permis de compter les stries annuelles de la croissance de l'animal une par une: on y constate une croissance moyenne ultra lente de ~0,39 mm/an.  

Résultat : l'âge est de ~347 ans

(série des photos du comptage disponible pour ceux qui veulent)