Une grosse déroulée!

J'ai découvert en 1993, dans l'étage du  Barrémien inférieur*. de ≃ -129,4 à ≃ -125,0 Ma. au N-N-E DU VIillage de Gras (Ardèche) un bloc de calcaire (dépassant allègrement la tonne!) au bord d'un chemin communal,  récemment poussé par un engin du genre bulldozer, en vue de le rendre un peu plus carrossable! Poussé sur la limite d'un terrain, où j'avais toute jouissance d'entrée, connaissant bien son propriétaire. J'avais été interpellé par la présence de côtes, quelque peu insolées, quelque peu érodées à la partie supérieur de ce roc. Aller et retour à l'atelier! Il me fallait, de suite, aller voir de quoi il retournait! Burins, marteau, détermination, hop tout ça à bord de ma 4L vraiment sénescente qui me permettait de réduire un long parcours de côtes et celui de la draille (pourrie  elle aussi, malgré le travail mécanique du monstre chenillé!) Quelques centimètres carrés tombent, calcul des angles de frappe, faut pas casser la bébête! Youpi! Ca se prolonge! Vingt centimètres  grossiers pour ce soir! Quelques branches de buis pour dissimuler totalement le début de mon chantier, plus pour éviter qu'un profane mette de grands coups d'outils dans le travail débuté, qu'autre chose. Bien que dans ce coin très retiré, il n'y ait pas eu beaucoup de risques!
Les semaines passent, les grammes, les kilogrammes, tombent peu à peu autour de moi, et sont effacés du sol, d'autant plus facilement, que de là où je travaille, je surplombe un à-pic de dix mètres environ, heureusement en pente relativement douce. Et vint un jour, LE JOUR, où du bloc je pus enfin séparer le mollusque, qui vu sa dureté ne méritait guère cet adjectif (ce calcaire est dur, très dur)!
Je mis à contribution un ami, Jean-Pierre P., un costaud ,et nous sortîmes le joyau du site où il végétait depuis des millions d'années! Chargement dans mon fourgon, direction l'atelier. Là il serait à l'abri des intempéries destructrices, il trouverait une nouvelle "vie", choyé, entouré de la délicatesse du "metteur" au jour, de ses modestes compétences résultant uniquement de l'instinct et de la passion. 
Les habitants locaux (j'étais un breton !) qui souvent me venaient voir à l'atelier, furent plus qu'interpellés par la vision du monstre que je venais d'exhumer de la garrigue environnante.
AUCUN n'avaient rencontré ce beau "bébé", certes des enroulées, quelques oursins ou autres "dents de loup" (bélémnites), quand leurs regards s'habillaient de finesse analytique, mais jamais cette créature. Elle se brisa en deux parts égales lors de son voyage vers la Bretagne. Je la recollais avec une des colles utilisées à l'atelier de taille où je travaillais désormais, peaufinant le joint avec de la poudre à partir des morceaux de calcaires de ses chutes. (Il est difficile de voir la réparation! J'eus la joie de découvrir à la base de cette ammonite,une autre, très déprimée (non déterminée pour le moment, quasi entière, le fragment d'une seconde, un reste coquiller (partie de bivalve?)inclus dans une loge du corps de l'amonite, ainsi que trois pyrites ferreuses dans autant de loges et  de plusieurs bivalves inclus dans la coquille même.  Des morceaux (apparemment de la même sp ) surmontent l'ensemble
Je n'ai pu pesé ce fossile.  Je l'estime (à bout de bras : à environ 50 kilogrammes) sa longueur hors-tout à 68   centimètres, sa largeur est de 45   centimètres. la longueur de la coquille (face ventrale) est de 98 cm, la circonférence près d l'ouverture est +ou- de 40 cm

A ce jour, je n'en avais vu qu'une! (de taille un peu supérieure, au M.N.H.N de Paris, dans la Salle d'Anatomie Comparée, autant qu'il m'en souvienne, non loin des coquillages d'Orbigny!) Mais il est vrai que vivant un peu comme un ours, je n'ai pas tout vu! 

Alors, qui est-elle? Proche du genre Ancyloceras? Emericiceras? 
Si un membre à une idée, je suis au taquet!! Je cherche depuis longtemps mais n'ai pu saisir quelque chose d'approchant (surtout en dimension) pas plus sur mes ouvrages que sur le net. Mais il me reste beaucoup de sites à fouiller!

En tout cas une bien  belle déroulée qui, dans son intégrité, devait avoir une fière allure!

* -Dominique LAFARGE, 1978, thèse soutenue devant l'Université Claude Bernard-LYON 
Etude Géologique du Plateau de Saint Remèze, Ardèche. Stratigraphie-Cartographie-Sédimentologie-Tectonique
&
   - Géoportail

C'est laborieux

Jolie bête et ce n'est pas facile de trouver et dégager des Ammonites déroulées en aussi bon état...
La petite pièce sur la gauche c'est un fameux Aptychus?
Didier

Vraiment aucune idée!

Excuse- moi Didier, je viens de retourner sur ce poste et je me suis aperçu que j'ai mal répondu à ta question
A droite et à gauche ce sont des pyrites ferreuses, au milieu : ???

Je vais en faire des photos sous toutes les coutures!

Je parlais de ce qui est pris en gros plan sur la photo n°5 ...
Didier

Belle pièce de collection

Heu, Didier, tu ne palerais pas plutôt de la 6ème photo (en gros plan-la 5 c'est l'ammonite en entier) du post?
Dans ce cas il s'agit d'un bivalve.

C'est ça l'objet de ma question : 

Ah d'accord! Il s'agit d'une ammonite non déterminée qui se trouvait "collée" sous la déroulée, brisée quand je l'en ai séparée et au milieu de laquelle se trouve une pyrite également. 

J'ai consulté pas mal de dossiers du net et mes bouquins, sans pouvoir me permettre de donner un nom à cette sp. qui mesure 205 mm dans son plus grand diamètre et 42 mm au maximum de son épaisseur. Carène moyenne, non saillante, costulation visible vers l'ouvertue, les sutures me paraissant être de type ammonites (persillées).

La 11ème photo de ce post semble bien être un aptychus (mais pas un bivalve, bien que la confusion soit très fréquente), il faudrait le montrer sous un autre angle pour être sûr. Autrement dès la 1ère photo, ça rappelle une forme gigantissime de Crioceratites probablement nolani ! Et la dernière est une grosse Desmoceratidae du genre Beudanticeras et de l'espèce beudanti probablement; avec une vue en section de l'ouverture, ce serait bien plus facile d'en être sûre.

Faut essayer sur Geoforum vous aurez plus de chance d'approcher une détermination

Pour l'ammonite déroulée, je regarderais du côté de Macroscaphytes sp. du barrémien...
peut-être trouveras-tu ton bohneur ici :
http://jsdfossiles.com/10-Ammonites-du-Toarcien-Aveyron
Didier

Le titre du lien ne reflète pas le contenu complet du site...
En fait pour la déroulée, le genre Emericiceras pourrait être un bon candidat...

Il existe de très nombreux genres d'Ammonoidea déroulées ...

Absolument, plus fréquentes il me semble à partir du Crétacé moyen jusqu'à la disparition des Ammonites à la fin du Crétacé...

Bon! Voilà bien des réponses et vous remercie tous de votre participation

Pour l'étage je me suis référé aux recherches de Dominique Lafarge et sur Géoportail, après....

Pour la 11ème photo, Jean-Marc, je vais faire d'autres photos, avec d'autant plus de facilité qu'elle est mobile.

En ce qui concerne l'ouverture de  Desmoceratidae elle même, je pense qu'elle manque, le phragmocône étant brisé en deça. Seul est visible le calcaire qui forme un bouchon que je n'ai pas cherché à dégager.

Dès ce soir, je vais consulter Géoforum, merci Quentin!

Oui, Michel, j'ai bien vu le grand choix des ammonites déroulées! 
Quand aux Macroscaphytes et Emericiceras, Bandera, ce sont (dans mes recherches au moins), les dimensions qui "clochent"! 
 
Je vais exploiter les voies ainsi ouvertes, avec intérêt! Et envoie les photos détaillées du sujet de la 11ème!

Cordialement.

Voici des photo de l'OFNI !

Alors pas du tout un aptychus, mais plus surement les deux valves jointives, l'une concave, l'autre convexe avec sa costulation radiale composite et certainement spécifique, d'une espèce de Pectinidae (que je ne connais pas). Bon, c'est juste une hypothèse.

Pour moi elle "faisait" vraiment coquille... Mais bon!

Merci pour ton avis Jean-Marc

Effectivement ça pourrait correspondre à un bivalve (Pectinidae?).
La concavité de la valve peut être aussi le résultat d'une déformation "souple" de cette valve par le poids des sédiments supérieurs déposés plus ou moins rapidement (la vitesse de dépôts de sédiments étant très variable bien que assez faible en environnement calcaire).
Didier

Et dire qu'on aperçoit la suite coincée à mort entre la grande déroulée et un gros morceau de phragmocône!
Mais impossible à exploiter sans détériorer l'une et l'autre. Inenvisageable bien sûr. 
Bonne journée Bandera!

Oui ça ne peut être qu'un bivalve de la famille des Pectinidae, un peu distordu ce qui prouve qu'il vivait effectivement solidement fixé au benthos, et sa certaine similitude avec l'un de nos Pectinidae breton, l'Hinnites distortus, est frappante.